Une activité spécifique de MADFORWATER a été consacrée à l’analyse des effets possibles du stress hydrique et de la vulnérabilité sur la sécurité alimentaire et le développement socio-économique au Maroc, en Égypte et en Tunisie. L’analyse a démontré que les activités développées dans le cadre de MADFORWATER pourraient avoir un impact très positif sur la sécurité alimentaire et le développement socio-économique de la région selon différentes modalités:
- Premièrement, l’amélioration de l’efficacité de l’irrigation et la réutilisation des eaux usées traitées devraient permettre d’améliorer la sécurité alimentaire, compensant en partie l’impact négatif du changement climatique d’ici 2050.
- Deuxièmement, l’un des objectifs de MADFORWATER est d’accroître le niveau de réutilisation des eaux usées traitées, en améliorant la disponibilité des ressources hydriques et en réduisant les niveaux de stress hydrique dans les pays ciblés. La croissance socio-économique qui en résulte dans la région devrait compenser, en partie, les effets négatifs prévus du changement climatique sur la sécurité alimentaire.
Cependant, à moins que des efforts supplémentaires ne soient déployés pour réduire l’insécurité alimentaire, la deuxième cible des objectifs de développement durable (ODD 2), visant à éliminer la faim dans le monde d’ici 2030, risque de ne pas être atteinte. En effet, les pressions démographiques et une évolution incertaine du climat peuvent exercer une pression supplémentaire sur la sécurité alimentaire et limiter l’accès aux ressources hydriques, mettant en péril la réalisation des objectifs de sécurité alimentaire.
MADFORWATER a adopté une approche empirique axée sur les quatre dimensions censées avoir un impact différent sur la sécurité alimentaire: ressources (disponibilité physique et dotation en ressources hydriques), accès (disponibilité des ressources à disposition de la population), capacité (allocation des ressources hydriques principalement en fonction de l’éducation, de la santé et de l’abordabilité) et utilisation (gestion adéquate des ressources hydriques dans les secteurs domestique, industriel et agricole de l’économie). En outre, une approche de modélisation économétrique a été mise en œuvre au moyen de modèles de données de panel comprenant des effets fixes par pays et par année pour la période 2000-2015, et utilisant une base de données exhaustive comprenant jusqu’à 60 variables préliminaires et 29 variables finalement sélectionnées, pour tous les pays de la Méditerranée.
L’étude place le Maroc parmi les pays cibles de MADFORWATER ayant affiché la meilleure évolution jusqu’en 2015 et les niveaux de sous-alimentation les plus faibles, dans la mesure où les données pour la période 2000-2015 indiquent un progrès remarquable au niveau des indicateurs de sécurité alimentaire. Outre les efforts déployés au niveau des politiques visant à améliorer la compétitivité de l’agriculture et le développement rural, des tendances positives dans les principaux aspects de la gestion et de l’utilisation de l’eau sous-tendraient l’amélioration de la sécurité alimentaire. Dans le cas de l’Égypte, une baisse significative des niveaux de sous-alimentation a été soutenue par une croissance économique positive sur la période 2000-2015. S’agissant de la Tunisie, les indicateurs de la sécurité alimentaire font apparaître des tendances irrégulières sur la période sous revue pouvant s’expliquer par l’instabilité économique et politique ces dernières années.
Les niveaux de sécurité alimentaire en Méditerranée semblent être influencés principalement par l’accès de la population aux ressources hydriques, la capacité à utiliser ces ressources correctement et une gestion et une utilisation adéquates des ressources hydriques. En particulier, l’accès de la population aux ressources en eau potable de base – au moins – semble constituer la dimension la plus pertinente pour assurer la sécurité alimentaire. La capacité apparaît en deuxième position, l’abordabilité et la santé étant étroitement liées à la sécurité alimentaire et l’éducation n’ayant qu’une légère moindre importance.
En ce qui concerne le développement socio-économique, l’étude a montré que des niveaux plus élevés de disponibilité en eau ainsi qu’une meilleure allocation et capacité de la population à utiliser correctement ces ressources sembleraient avoir une influence positive sur la croissance économique. De plus, le stress hydrique semble constituer un facteur important permettant d’expliquer le développement socio-économique.
Enfin, l’étude a révélé que le changement climatique entraînerait une dégradation de l’état de la sécurité alimentaire dans les pays d’Afrique méditerranéenne d’ici 2050 .Cependant, les effets des progrès probables en matière de développement socio-économique au cours de cette période semblent être suffisants pour compenser les impacts négatifs du changement climatique.
La relation multidimensionnelle entre le stress hydrique, la sécurité alimentaire et le développement socio-économique.